HUMEURs (en chantier)
Voilà donc un mois blanc qui s'est achevé, sans rien. Pourtant j'y ai cru jusqu'au bout, surtout le jour de Sainte Jeanne d'Arc, le 30. Et puis décidément non !
Mouvement de repli vers des choses, les plus simples... flash back :
Ambiance languide, recherche de quelquechose de nouveau, laisser filer les mots, laisser tomber les notes, surtout celles de bas de page, bercée par celles de l'accordéon. Mouvement intérieur, comme une vague, sac et ressac. De la musique avant toute chose. Et puis envie de choses simples, née d'un mot. Flash back :
Faut-il le regretter ?
Le mot "épique" capté un matin, d'une oreille distraite, a réveillé Léo en mes bois dormant.
L' epos grec, c'est le chant, mais pas n'importe quel chant. "Les plus beaux chants sont les chants de revendication" dit encore Ferré. La revendication comme guerre sociale. L'epos, chant de guerre, légende héroïque tout enchevêtrée d'Histoire, la grande, celle de Gilgamesh, d'Ulysse, reprise en tragédie. Où sont les héros d'aujourd'hui ? Et qui les chante ? Derrière les héros qu'on dit modernes se dissimule toujours une andromaque, une antigone, un ulysse..?
Et en chacun/-e de nous ne se cache-t-il pas dans un recoin, un repli quelque trait d'une figure héroïque, la plupart du temps ignoré. Et s'il arrivait qu'elle pointe son nez parfois, le temps d'un émoi fugace, joie ou colère ? Qui ne s'est jamais à un moment senti immonde et/ou sublime à la fois, dans une dilatation intérieure de l'être ? Mais pourquoi la sensation de plénitude en vient-elle à se muer en un vide abyssal, vertige, angoisse ? Cette dernière peut aussi arriver brutalement sans que les premiers signes sensitifs en aient été perçus.
Laissant parler les mots, je me demande si mon goût récent pour les choses les plus simples ne serait pas un indice que justement les plus insignifiants détails du quotidien pourraient ouvrir sur des univers immenses, sur les grandes figures primitives dont nous gardons en nous des traces immémoriales.
C'est sur cette piste je crois que j'ai peu à peu abandonné Jeanne d'Arc pour l'instant, après en avoir exploré pour moi les aspects tout personnels qui m'y reliaient intimement.
Derrière elle, de fait j'ai découvert plus grande figure, médiatiSée sans doute par ses voix, Stes Maguerite et Catherine, et St Michel. et plus loin, l'idée que son destin d'Amazone fut scellé bien avant qu'elle ne fût née. Il existait en effet dans une France secouée par la guerre de cent ans une croyance en une vierge guerrière, venue des marches de Lorraine sauver le pays, à laquelle elle fut identifiée dès qu'on la vit chevauchant. Pesante destinée !
Le mythe de Jeanne souligne la simplicité de sa condition. Elle ne se pose pas la question, comme le fera l'Inquisiteur, de savoir si ses voix sont de Dieu ou du Malin. Garder les moutons, invite à la méditation/oraison plutôt qu'à la scholastique.
Mais plus tard, n'aurait-elle pas succombé à l'identification, possédée par un personnage façonné par la rumeur ? Abîmée dans l'action, n'aurait-elle pas ignoré un ultime avertissement de ses voix ?
Un phénomène bien banal après tout que pourront illustrer nombre d'anecdotes, oh rien d'épique, tirées de ma réserve. Banal et en même temps typique de ce qui peut arriver à tout un chacun qui se laisse envahir/posséder par une humeur, au départ plus ou moins diffuse, à l'origine de dysfonctionnements divers. Je me souviens à ce moment précis de Gabrielle Russier possédée peut-être par la figure de Phèdre, érigée pour l'occasion en complexe.( Là, il faudrait quand même une note, me souffle ma petite voix intérieure.)
Humeurs diffuses dans lesquelles je classe la nostalgie : nostos+algos, (retour+souffrance) en grec, ça fait mal, en français aussi.
Quand elle vous tient, ça peut durer longtemps, et révéler des profondeurs riches de potentielles découvertes...
Tiens, justement, si on s'en remettait une petite touche, louche, couche...